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« Sauvagerie inédite » et « ultrarajeunissement ». Nicolas Bessone, procureur de la République de Marseille, a précisé, dimanche 6 octobre, que la victime du narchomicide de mercredi, « lardée de cinquante coups de couteau et brûlée vive », était un adolescent de 15 ans, et que le tueur présumé de celui de vendredi est âgé de 14 ans.
Ces deux affaires sont liées, a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse, dimanche matin, soulignant que la victime du second homicide, un père de famille de 36 ans, chauffeur de VTC et footballeur amateur connu dans la région, était « totalement extérieure aux trafics de stupéfiants » qui gangrènent la deuxième ville de France.
« On a un ultrarajeunissement » des auteurs et une victime extérieure vendredi, non pas touchée par une balle perdue, mais « froidement abattue », a insisté le procureur, soulignant « un degré supplémentaire » franchi et « une perte totale de repères ».
Le narchomicide de vendredi, qui n’a donc pas touché la cible prévue, était la vengeance programmée de celui de mercredi, a également souligné le magistrat, évoquant « le contexte du conflit opposant dans le 3e arrondissement de Marseille [le clan de] la DZ Mafia et le clan dit des “Blacks” de la cité Félix-Pyat pour la prise de contrôle du point de vente de la cité du Moulin-de-Mai », à la Belle de Mai.
L’adolescent a été tué mercredi dans le cadre de l’exécution d’un contrat pour lequel il avait été recruté pour 2 000 euros, par le biais des réseaux sociaux, par un homme de 23 ans détenu au centre pénitentiaire de Luynes, près d’Aix-en-Provence, et se présentant comme appartenant à la DZ Mafia. Le jeune homme connaissait l’adolescent, car ce dernier était « jobbeur », c’est-à-dire petite main du trafic de stupéfiants, selon le procureur.
Supposé aller intimider un concurrent, l’adolescent, accompagné d’un autre adolescent de 15 ans, avait été repéré par une bande présente au pied de l’immeuble, et c’est après que ceux-ci ont remarqué qu’il portait une arme de poing qu’il va « être lardé de cinquante coups de couteau et conduit à la cité Fonscolombes où, selon les résultats de l’autopsie, il va être brûlé vif dans une scène d’une sauvagerie, sinon inédite, rare ». La police judiciaire a interpellé le second mineur de 15 ans, qui avait réussi à prendre la fuite. Il a été déféré devant un juge d’instruction pour être mis en examen.
A la suite de cette mort, le même détenu de Luynes a commandité un second « contrat » pour se venger et aller tuer un membre de la bande des « Blacks », pour 50 000 euros cette fois-ci. « Il a recruté exactement de la même manière un mineur de 14 ans originaire du Vaucluse et a organisé toute la logistique pour le chercher en voiture et le conduire dans une chambre d’hôtel à Marseille. Le jeune était lui-même porteur d’un revolver 357 Magnum », a fait savoir le procureur de la République de Marseille
Parti exécuter sa mission à bord d’un VTC, l’adolescent, accompagné d’un autre individu, aurait demandé au chauffeur de l’attendre. Mais celui-ci aurait refusé, provoquant la colère du mineur, qui aurait tiré « une balle mortelle à l’arrière du crâne » avec le pistolet 357 Magnum dont il était armé. Il prend la fuite, se cache à proximité et demande au commanditaire une exfiltration. Mais, « pour une raison inconnue », ce dernier appelle la police et le dénonce, puis l’adolescent de 14 ans est arrêté. Le commanditaire, qui a été identifié, a été extrait de la maison d’arrêt avant d’être déferré dimanche.
Avec ces deux dernières affaires, le nombre de « narchomicides », terme forgé par la justice marseillaise pour qualifier les règlements de comptes sur fond de trafic de drogues, est désormais passé à dix-sept depuis le début de l’année. Selon les chiffres de l’Agence France-Presse et du parquet, ce phénomène est cependant en nette baisse en 2024 par rapport au nombre record de quarante-neuf morts de 2023.
Le Monde avec AFP
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